L'enfant à haut potentiel, pourquoi peut-il être important de le tester?

L’EDUCATION DE L’ENFANT HPI (HAUT POTENTIEL INTELLECTUEL)

(issu d’un article de la Fondation Centre suisse de pédagogie spécialisée, novembre 2016)



Raisonnement

L’enfant a un fonctionnement neurologique particulier au niveau de l’organisation du cortex cérébral et de la particularité des influx nerveux, ce qui se traduit concrètement par des capacités intellectuelles accrues. C’est un fonctionnement intellectuel particulier.

L’enfant a la capacité de réaliser, dans un certain nombre d’activités intellectuelles, des performances que la plupart des enfants du même âge ne parviennent pas à accomplir.

Pour mesurer les capacités intellectuelles de l’enfant on effectue un bilan global (test de QI). L’échelle de Wechsler est l’approche la plus répandue en la matière (WISC IV ou V). Cette échelle évalue différents aspects du fonctionnement intellectuel de l’enfant (aptitudes verbales et visuospatiales, mémoire de travail et vitesse de traitement).

Selon les critères de l’Organisation mondiale de la Santé, une personne ayant un QI égal ou supérieur à 130 (voire 125) présenterait un fonctionnement HPI. Dans la pratique la limite n’est pas toujours aussi claire (les troubles du langage peuvent, par exemple, avoir une influence défavorable sur certains indices, faisant baisser le QI global).

Avoir un HPI ne signifie pas être plus intelligent que les autres, mais avoir un mode de fonctionnement, une manière de raisonner qui diffère de la norme. L’enfant HPI a un mode de pensée en arborescence. C’est-à-dire un traitement global et simultané de l’information. La pensée se déploie dans plusieurs directions, par opposition au mode de pensée séquentiel (la pensée est linéaire/une idée après l’autre), qui est beaucoup plus courant.


Troubles associés

Il n’est pas rare que les enfants HPI présentent des troubles associés, comme une dyslexie-dysorthographie, une dyspraxie avec dysgraphie ou un trouble du déficit d’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H). Grâce à ses capacités intellectuelles exceptionnelles, l’enfant HPI peut longtemps compenser les difficultés générées par le trouble.


Fréquence

2.28% de la population a un QI égal ou supérieur à 130. Il y a autant de filles que de garçons ayant un HPI, bien que les filles sont moins nombreuses à être repérées. Elles adoptent plus fréquemment un comportement hyperadapté et ne se font pas remarquer.


Caractéristiques de l’enfant HPI

Certaines caractéristiques se retrouvent fréquemment chez les enfants HPI :

  • L’enfant comprend rapidement et facilement des nouvelles idées, il n’aime pas les tâches répétitives et la routine.  
  • Il a souvent un développement précoce du langage (langage très élaboré pour son âge). L’apprentissage de la lecture est généralement facile ou spontané.  
  • Il a une grande capacité à soutenir un effort intellectuel (lire un grand livre jusqu’au bout par exemple). Mais comme il a l’habitude que tout lui soit facile, l’effort intellectuel peut aussi le rebuter, en particulier si la tâche ne lui plaît pas.  
  • Il est très motivé à apprendre de nouvelles choses et est très curieux. Il pose beaucoup de questions et veut absolument faire ou réussir tout seul.  
  • Il a un profond besoin de comprendre. Pour comprendre le sens des choses il a besoin de comprendre le tout. Il a donc souvent très tôt des intérêts pour des questions métaphysiques ou des domaines connexes (astronomie, préhistoire, mythologie, etc.). Il a souvent des connaissances poussées dans un ou plusieurs domaines.  
  • Il aime la complexité, par exemple, les jeux de stratégie comme les échecs. Il ajoute des détails ou élabore des histoires compliquées.  
  • Il possède une mémoire exceptionnelle. En particulier lorsqu’il est motivé et intéressé. L’enfant HPI a tendance à mémoriser par associations d’idées et est particulièrement sensible au contexte émotionnel de l’apprentissage. Il peut absorber beaucoup plus d’informations que la norme et de manière rapide. Pour certains enfants, il peut suffire de lire ou parcourir un texte pour le retenir ou en saisir les principales informations. A l’école, les informations que l’enfant a mémorisées sont parfois emmagasinées de manière désordonnée, rendant leur accès plus difficile ce qui peut entraîner des problèmes méthodologiques. L’enfant sait la réponse mais ne sait pas expliquer comment il est arrivé au résultat.  
  • Il peut avoir beaucoup d’idées en même temps et très rapidement, on peut avoir de la peine à le suivre. Il fait des analogies avec d’autres situations connues. Il propose facilement des solutions alternatives, originales et novatrices à un problème. Il peut faire preuve d’une grande créativité et avoir beaucoup d’imagination. Il peut avoir de la difficulté à organiser ses idées, à planifier et structurer son travail, à planifier une activité dans le temps. Paradoxalement, il peut être lent, à cause du grand nombre de possibilités qu’il perçoit et des aller-retour qu’il fait dans sa tête, d’une idée à l’autre. C’est la raison pour laquelle il peut avoir de la difficulté à faire des choix.  
  • Il peut faire plusieurs choses en même temps. Cela peut même l’aider à se concentrer (dessiner, écouter de la musique en faisant ses devoirs).  
  • On constate souvent un odorat très développé, une ouïe très fine, une forte sensibilité tactile, qui peut s’avérer désagréable (faire mal au yeux, hypersensibilité au bruit, étiquettes ou pulls qui grattent, etc.) et qui peut entraîner de fortes réactions.


Particularités affectives de l’enfant HPI

Comme la personne HPI perçoit, consciemment ou non, et de manière très forte une grande quantité d’informations externes ou internes au même moment, elle peut avoir :

  • une très grande lucidité ;  
  • une hyperempathie (capacité à se mettre à la place des autres, à ressentir ce que ressentent les autres). Il arrive que celle-ci soit difficile à gérer, l’enfant manifeste alors une insensibilité ou une froideur apparente (carapace pour se protéger) ;  
  • un sens de la justice très développé ;  
  • de la confusion et de l’irritabilité en raison du trop-plein d’informations perçues ;  
  • une hypervigilance, une agitation mentale constante (toujours des idées plein la tête), un besoin constant de stimulation ;  
  • des préoccupations anxieuses ou dépressives, des troubles du sommeil ( à cause de questionnements existentiels et d’inquiétudes quant à l’avenir lié à un besoin de tout comprendre et de tout maîtriser) ;  
  • des réactions défensives telles que des troubles du comportement, des tics, de conduites d’évitement, un perfectionnisme excessif, etc. ;  
  • de fortes réponses émotionnelles (susceptibilité, frustration, colère, angoisse, apathie, indifférence) ;  
  • un besoin de relations profondes et authentiques.


Dysynchronies

Il y a un décalage entre le développement intellectuel de l’enfant HPI et son développement normal, voir plus lent, dans les domaines suivants :

  • L’enfant HPI se développe normalement ou plus lentement au niveau moteur. Il peut faire preuve de maladresse dans certaines activités manuelles et sportives. L’apprentissage de l’écriture peut être difficile, au contraire de la lecture. Il y a un écart entre ce qu’il veut faire (dessiner, écrire, etc.) et ce qu’il peut faire. Cela peut être source de frustration et générer des blocages (ex : refuser d’écrire).  
  • Sa grande lucidité intellectuelle est en décalage avec son développement affectif. Cela peut être très perturbant pour lui (ex : prendre conscience de la mort à un âge où elle est encore difficile à intégrer).


A l’école

La particularité des enfants HPI, et leur mode de pensée en arborescence, peut engendrer plusieurs difficultés :

  • Le rythme d’apprentissage moyen ne correspond pas à son rythme, qui est plus rapide.  
  • Il peut avoir du mal à appliquer des méthode d’apprentissage et de résolution présentant la matière étape par étape ou demandant une solution unique à un problème. L’enfant HPI a en effet besoin de compréhension globale et de lien avec d’autres problèmes, exercices, matières, etc. Apprendre par cœur peut ne pas avoir de sens pour lui.  
  • Il peut être particulièrement fort dans un ou plusieurs domaines, mais pas dans d’autres.  
  • Un décalage avec ses camarades au niveau de ses intérêts, son rythme, sa manière de penser, son humour, etc. Il peut avoir de la peine à s’intégrer, être rejeté par ses pairs ou ne pas aimer les activités de groupe.  
  • Il peut facilement être sous-stimulé et s’ennuyer (ce qui peut entraîner apathie, repli sur soi, passivité, présentéisme, qu’il parte dans ses pensées, agitation, impatience, indiscipline, agressivité, élève perturbateur ou une opposition face aux activités.  
  • Il est souvent vu et défini comme insolent (il met la parole des enseignants en question, les interrogent sur leurs attitudes, relèvent leurs erreurs, les contredisent, etc.). Ce comportement est à mettre en lien avec un fort besoin de comprendre le fonctionnement du monde qui les entoure et d’y trouver une cohérence pour diminuer son anxiété.  
  • Il rejette souvent l’autorité basée sur les rapports de force mais ne refuse pas celle qui naît du respect et de la confiance.


Echec scolaire

Après une scolarité facile les premières années, l’enfant HPI peut se retrouver en échec scolaire par manque d’efforts parce qu’il n’a jamais appris à travailler précédemment. Il n’a ni appris à apprendre, ni appris à faire des efforts. Il n’a pas de méthodes d’apprentissage pour s’approprier le savoir ou résoudre un problème.

Ses résultats scolaires peuvent aussi être très dépendants de la relation qu’il a avec son enseignant. Il peut aussi cacher ou abaisser volontairement ses performances scolaires pour ne pas être rejeté par ses camarades en passant pour un intello.

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